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Miró clairement si beau !

Du 3 octobre au 4 février, le Grand Palais, à Paris, rend hommage à l’artiste espagnol avec l’exposition «Miró, ceci est la couleur de mes rêves».

« Miró, ceci est la couleur de mes rêves », Grand Palais (Paris VIIIe), 10 heures - 20 heures,

22 heures mercredi-vendredi-samedi, 11-15 €.

«Bleu II», 4 mars 1961, huile sur toile, 270 x 355 cm, France, Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, don de la Menil Foundation en mémoire de Jeande Menil, 1984. Successió Miró/Adagp, Paris 2018/Centre Pompidou, MNAM-CCI, dist. Rmn-Grand Palais/Philippe Migeat

L’important, c’est de savoir ce que l’on ressent vraiment. Pas si simple. Bien sûr, Joan Miró est grand. Mais à quel point ? « Contrairement à Picasso, il ne sort pas de son système », me souffle un confrère. D’accord. Puis viennent ces trois tableaux monumentaux « Bleu I, II, III », enfin réunis, extraordinaires. « Là, il ne sort pas de son système peut-être ? » On sourit tous les deux, éblouis.

Les peintures « Bleu I », « Bleu II » et « Bleu III », à côté de la sculpture « Oiseau lunaire », exposées au Grand Palais, à Paris./REUTERS/Benoît Tessier On repense aux œuvres qui nous ont le plus marqués parmi les 147 pièces -peintures, dessins, céramiques, sculptures venues du monde entier- exposées au Grand Palais sous la houlette de Jean-Louis Prat, grand spécialiste et ami du peintre catalan, mort le jour de Noël, en 1983, à 90 ans. Comme « la Ferme », chef-d’œuvre de sa période ni réaliste ni naïve, mais très figurative, à ses débuts, hypnotique, inclassable, bourré de détails -on l’appelle même sa période « détailliste »- d’anomalies, de beautés cachées. Hemingway l’acheta pour presque rien en 1925, sa fille Mary en fit don à la National Gallery de Washington dans les années 1980. Une merveille de ferme porteuse de toute l’enfance du peintre.

« La Ferme », 1921-1922, huile sur toile, 123,8 x 141,3 cm, États-Unis, WashingtonNational Gallery of Artdon de Mary Hemingway, 1987./Successió Miró/Adagp, Paris 2018 On adore la jeunesse de Miro, sa découverte du surréalisme qui ne le happe pas -il en refuse les excès, les astuces- mais lui ouvre la porte des rêves et de l’inconscient. Lui s’échappe avec une très bonne formule : il dit ne pas rêver la nuit, mais en travaillant. Ses paysages peints dans la trentaine restent des sommets acrobatiques d’équilibre entre l’onirisme et ce que l’on voit vraiment, la nuit noire dans laquelle plonge une échelle dans « Chien aboyant à la lune », ou ce bleu qui représente le ciel mais nous évoque violemment la mer. Miró fait parfois du Miró, c’est vrai, mais il réussit vite à nous prouver que c’est finalement faux, par la poésie de « Soirée snob chez la princesse », tableau abstrait qui, par on ne sait quel génie, décrit avec exactitude ce qu’annonce son titre. On s’y croirait, chez la princesse. Formes colorées. Parfois c’est une touche de jaune sur un fond blanc qui sublime l’espace. Poser la couleur, le minimum avec un effet maximal, c’est ça un grand peintre.

« Paysage (Le Lièvre) », 1927, huile sur toile, 129,6 x 194,6 cm, États-Unis, New YorkThe Solomon R. Guggenheim Museum, 1957./Successió Miró/Adagp, Paris 2018/The Solomon R. Guggenheim Foundation/Art Resource, NY, dist. Rmn-Grand Palais/The Solomon R. Guggenheim Foundation/Art Resource, NY Miró peut plaire aux enfants comme aux adultes. Un atout sauf quand certains le disent trop rond. Trop accueillant, trop beau ? On ne va quand même pas s’en plaindre. Et l’on sent qu’il faudra revenir pour y voir encore plus clair, tant Miró brouille les pistes de ses paysages intérieurs ou bien réels. Profitez des trois nocturnes par semaine : c’est le peintre de la nuit, quand les sens se relâchent et s’aiguisent autrement.

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